Dans
une République, les institutions ont une histoire déterminante et une mission
importante. C’est la raison pour laquelle, il n’est pas raisonnable d’en
supprimer de manière conjoncturelle. La décision du Président Macky SALL de
supprimer le Sénat au lendemain du début des inondations démontre une absence
de vision de la part d’un Chef d’Etat. Cette démarche est inquiétante. Je ne
défends pas le maintien du Sénat loin de là mais je conteste cette démarche
fondée sur des humeurs et des circonstances. Elle ne peut en aucune manière
convaincre. Considéré comme un centre d’accueil par excellence des clients
politiques, installé un jour d’anniversaire du naufrage du bateau le JOOLA,
avec le pouvoir de nomination « extraordinaire » du président de la
République, ce Sénat souffrait de légitimité et constituait littéralement une
atteinte à la souveraineté populaire, un cancer pour nos finances publiques et
une blessure pour l’efficacité et l’image de nos institutions.
Si
le Président Macky SALL, en connaissance parfaite de toutes prérogatives
illégitimes accordées au Président de la République et à cette institution et
ce malgré les critiques solides, fondées et pertinentes émises par les hommes
politiques, les intellectuels et l’opinion publique avant la chute du président
WADE, a voulu maintenir le Sénat, cela veut dire que c’est un homme politique
sans conviction et sans vision. C’est ce qui m’amène à dire que cette décision
qui consiste à supprimer le Sénat pour régler le problème des inondations
révèle des faiblesses graves de ce régime. Si le Sénat est une institution qui
consolide la démocratie en rapprochant le peuple de la gestion des affaires
publiques et promeut le développement,
même si les inondations faisaient mille morts, il ne serait pas question de le
supprimer. C’est dans ce sens que je considère que cet acte relève d’un
pilotage à vue, de l’opportunisme politique ou de la pression de l’opinion
publique.
Le
véritable problème du gouvernement de Macky SALL réside dans son impossibilité
à convaincre de l’existence d’un programme bien élaboré et ambitieux de
gouvernance. Que l’on ne nous dise surtout pas qu’il s’agit d’un problème de
communication comme le faisait WADE. La communication ne fait pas de miracles.
Un homme proche de l’actuel président disait en période de campagne électorale que
le Candidat Macky SALL n’avait pas de programme de gouvernance mais plutôt un
projet de société. Interrogé sur la différence conceptuelle, ce dernier
soutenait que le projet de société répond à la question suivante : de quel
type de citoyen nous voulons dans les années à venir ? et le programme
consistant à voir les voies et moyens pour y parvenir. Je considère que c’est
un jeu mot dangereux. Rien de sérieux. Il est inacceptable à cet état de
démocratie que des hommes politiques se méprennent à tenir de tels propos dans
l’espace public et qu’ils prétendent vouloir gouverner ce pays. Sur cette
question, le magistère de Macky a un avenir incertain.
J’ose
croire que le seul programme du Président Macky SALL ne se limite pas à
rectifier les errements de l’ancien président WADE et de réagir par rapport aux
situations qui se présentent à son gouvernement. Depuis que ce gouvernement a
été installé, aucune décision forte n’a été prise. Que l’on ne nous parle pas
des audits, nous attendons toujours de voir ce qu’il en sera. Je ne vois aucune
vision claire de gouvernance dégagée. Peut être, il faut attendre la
déclaration de politique générale du premier ministre pour en juger. En tout
état de cause, à ce rythme, il serait difficile de convaincre l’opinion sur une
politique cohérente de gouvernance pour un mandat de 5 ans seulement.
Les
institutions sont une expression des
ambitions d’un Etat. Selon les missions que veux accomplir un Etat à
moyen ou à long terme, des organes sont crées avec une des objectifs clairs
pour le permettre d’atteindre des objectifs. Ceci toujours dans le cadre de la
satisfaction du citoyen qui est sa raison d’être. C’est dans ce sens que la
création ou la suppression d’une institution doit répondre à une logique
sérieuse et prospective. La question de l’opportunité est délicate selon la
période à laquelle elle est posée. Il est certain, qu’avec les souffrances
causées par les inondations, la chose la plus facile serait de supprimer le
Sénat pour se donner bonne conscience et tenter de convaincre le peuple de son
bons sens. Mais si la mise en place du Sénat était bien pensée, un président de la république ne procéderait
jamais de la sorte. En tout état de cause, la mise en place de nouvelles
institutions doit être bien pensée. Il n’est pas intelligent de donner
l’impression de malmener des institutions aujourd’hui comme ce fut le cas avec
l’ancien président WADE. Le Président
Macky SALL doit éviter à tout prix de faire regretter au peuple sénégalais le
départ de WADE en lui rappelant ces cauchemars de gouvernance. Sa réélection
est à ce prix !
Nino MENDY
http://ninomendy.blogspot.com/
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